Dr Emerson A. Moffitt

(né en 1924)

Emerson Moffitt, né le 9 septembre 1924 à McAdam, au Nouveau-Brunswick, était destiné à la réussite depuis ses années d’école secondaire où ses bons résultats scolaires lui ont valu de remporter un prix du Gouverneur général. Il a compris qu’il aimait les sciences et a décidé de devenir médecin. Heureusement pour la spécialité, il a été attiré par l’anesthésiologie, où il a rapidement trouvé sa vocation en recherche : les effets de l’anesthésie sur le cœur. C’est grâce aux grandes réussites de toute sa carrière dans ce domaine que nous avons maintenant une meilleure compréhension du comportement du cœur sous anesthésie.

Le Dr Moffitt a fait sa formation prémédicale à l’Université du Nouveau-Brunswick, bien qu’elle ait été interrompue par son service dans l’aéronavale de la Marine royale. Il s’est inscrit en médecine à l’Université Dalhousie et, après avoir obtenu son diplôme en 1951, il a pratiqué la médecine générale pendant trois ans à North Sydney, ce qui lui a donné une introduction à l’anesthésie et a suscité son intérêt pour la spécialité. Comme quelques-uns de ses amis avaient opté pour un programme de résidence à la Clinique Mayo, il a lui aussi choisi de s’y inscrire. Il a travaillé avec des sommités telles que J.S. Lundy, le premier à utiliser le pentothal de sodium, et Earl Wood et Jeremy Swan dans l’étude de la physiologie cardiaque. Les Drs Wood et Swan faisaient partie d’une équipe dirigée par John Kirklin, qui participait à l’étude des premiers enfants à subir une perfusion intégrale du corps pour une chirurgie à cœur ouvert; le Dr Moffitt a participé à ce travail de pionnier. Il a ainsi contribué aux premières séries d’opérations réussies dans ce domaine exigeant ce qui le mena, au cours des 35 prochaines années, tout d’abord à la clinique Mayo et plus tard à l’Université Dalhousie, à consacrer sa carrière à l’élargissement de ses connaissances des divers aspects de la réponse cardiaque à l’invasion physiologique infligée par la chirurgie au système cardiovasculaire. Cette entreprise a été couronnée de succès, comme en témoignent le grand nombre de bourses qu’il a remportées, d’articles qu’il a publiés, de conférences qu’il a données, de postes de professeur invité qu’il a occupés et la variété d’honneurs dont il a été récompensé. L’un des points culminants de sa carrière à la Clinique Mayo fut son adhésion à la société de recherche Sigma XI, tandis qu’au Canada, il a été honoré par la Médaille d’or de la Société canadienne des anesthésiologistes en 1990. Le Dr Moffitt a présidé le Conseil d’administration de la Société internationale de recherche en anesthésie de 1979 à 1980, puis il a occupé le poste de secrétaire exécutif de la Société de 1983 à 1990. Il a été rédacteur en chef associé d’Anesthesia and Analgesia de 1973 à 1977 et il a présidé l’Académie d’anesthésiologie en 1978-1979. Il s’est vu accorder le statut de membre émérite de l’Association médicale canadienne et il est le récipiendaire du Prix pour services distingués de la Société médicale de la Nouvelle-Écosse.

Lorsqu’Emerson Moffitt est rentré au Canada en 1972, il a été le premier professeur chercheur en anesthésie de l’Université Dalhousie, où il est ensuite devenu professeur d’anesthésie et chef du département. Il a continué son travail d’anesthésiologiste cardiaque et de chercheur, et une année sabbatique productive en 1979 et 1980, en collaboration avec les Drs Swan et Willie Ganz (sur la cathétérisation du sinus coronarien) à l’Hôpital Cedars-Sinai de Los Angeles, a contribué à ses connaissances déjà étendues dans ce domaine hautement spécialisé. Au moment de prendre sa retraite de l’Université Dalhousie en 1991, le Dr Moffitt avait cumulé au total 203 publications, dont plusieurs d’un grand intérêt pour les anesthésiologistes pratiquant l’anesthésie cardiaque et de nombreux autres chercheurs en sciences fondamentales.

Bien que les contributions principales du Dr Moffitt aient surtout porté sur la recherche cardiaque, il a beaucoup contribué aux aspects organisationnels de la profession et de la spécialité. À l’Université Dalhousie, il a rajeuni le Département d’anesthésie en attirant des professeurs et des cliniciens à une époque où les départements d’anesthésie manquaient de diplômés canadiens. La grande réputation du département de Dalhousie est largement attribuable à son succès dans le développement du département dans les années 1970. Il convenait que le fonds de recherche créé par le département d’anesthésie, afin que des prix puissent être décernés à des étudiants en médecine et à des résidents en anesthésie, porte son nom. De 1980 à 1986, le Dr Moffitt a aussi appuyé le doyen J.D. Hatcher, un physiologiste, en occupant le poste de doyen associé aux Affaires cliniques. De plus, il a également apporté une aide appréciable à l’Association des anciens étudiants en médecine de l’Université Dalhousie en qualité d’agent de développement et de rédacteur en chef du journal de l’Association, Vox MeDAL, poste qu’il a occupé jusqu’en 1994, trois ans après sa retraite.

Le Dr Moffitt a aussi apporté une importante contribution à l’ensemble de la spécialité en Nouvelle-Écosse. Il a présidé un comité consultatif qui a créé des lignes directrices pour la pratique de l’anesthésie en Nouvelle-Écosse, la première province canadienne à émettre de telles directives. Elles stipulent notamment qu’il faut deux années de formation structurée aux médecins qui cherchent à obtenir des privilèges en anesthésie dans des hôpitaux communautaires. Plus tard, il a coordonné un programme d’évaluation, sur demande, des services d’anesthésie dans les hôpitaux de la province.

La Société canadienne des anesthésiologistes a, elle aussi, bénéficié des conseils et des contributions du Dr Moffitt. En tant que membre du Comité des affaires scientifiques, il a beaucoup fait pour raviver le congrès annuel, plus particulièrement en mettant en place des cours d’actualisation en 1979. De 1973 à 1982, il a siégé au Comité de rédaction du journal de la Société et, en 1987, il a prononcé au congrès annuel la conférence du Collège royal, qui portait sur l’oxygénation myocardique.

Le Dr Moffitt profite actuellement d’une retraite bien méritée à Halifax avec son épouse Isabel, originaire de Truro, en Nouvelle-Écosse (sa première épouse, Helen, est décédée en 1971 et sa seconde épouse, Phyllis, en 1987). Il a trois enfants, Eric, Celene et Laurie. Cependant, la retraite n’empêche pas « Moff » de porter un intérêt continu à notre spécialité et à la Société. Nous saluons en lui un anesthésiologiste qui a fait des contributions uniques au cours de sa carrière distinguée..

Note : Le Dr Moffitt est décédé le 30 avril 2011

David A.E. Shephard MB FRCPC, Charlottetown, PEI
CAN J ANESTH 1999 / 46:12 / pp 1191-1192